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2021
SUR UNE IDÉE ORIGINALE DE FRANCIS FORD COPPOLA «INVENIT» ET «FECIT» PAR FRANCOIS-PAUL JOURNE
Genève, 1er juillet 2021 - Prototype FFC BLUE développé pour ONLY WATCH 2021
DATE: 01.07.21

Sur une idée originale de Francis Ford Coppola « Invenit » et « Fecit » par François-Paul Journe

Automate fonctionnant uniquement avec l’énergie fournie par le ressort du calibre 1300.3. 2021 célèbre les 20 ans de prouesses et d’efficacité de l’Octa automatique sous toutes ses formes et ce dernier Opus en est la démonstration ultime. Le cercle des minutes tourne et les minutes sont indiquées par l’index situé en haut. Les doigts mobiles apparaissent ou disparaissent instantanément afin d’indiquer l’heure suivant leurs positions. Les doigts ne sont pas des aiguilles mais les doigts d’une main mécanique créée par Ambroise Paré (1509-1590), le père de la chirurgie moderne.

« Cette montre est née lors d’un dîner avec Francis (Coppola) chez lui à la Napa Valley en 2012. Il me demande s’il serait possible d’indiquer l’heure avec une main dans une montre ? Je lui réponds que l’idée est intéressante et que je vais y penser. Mais comment indiquer 12 heures avec 5 doigts ? L’affaire n’est pas simple et ce problème complexe m’excite jusqu’au jour où la solution apparaît. Immédiatement Francis m’envoie les croquis pour les positions des doigts et je peux enfin, après plus de 2 ans de réflexion, me concentrer sur le « Fecit ». Après 7 ans de développement, nous sommes fiers de présenter le prototype FFC. »

Boîtier unique en Tantale et main bleue, caractéristiques de toutes les montres F.P.JOURNE créées pour Only Watch.

Pour en savoir plus, veuillez cliquer ici.

 

Ambroise Paré ou le Génie Français (1509/1510-1590)

 

Comme dit l’adage : la fortune sourit aux audacieux. Qui aurait pu imaginer que le jeune Ambroise Paré, issu d’une modeste famille de barbiers, incorporé dans le métier avant ses quinze ans dans sa ville natale de Laval (300 km à l’ouest de Paris), deviendrait premier chirurgien royal et permettrait d’immenses avancées médicales ?

La Main de l’Apprenti

Être un barbier en ces temps, consistait à s’occuper des poils, de la peau, du sang, et des soins sommaires… Toutefois, cela ne suffisait pas ! Le jeune Ambroise Paré avait d’autres ambitions. Doté de grandes capacités de travail, d’un esprit vif et créatif, il briserait ses carcans sociaux afin de façonner sa destinée en devenant chirurgien !

Conséquemment, il partit pour Paris où se trouvait l’hôpital de l’Hôtel-Dieu. Il s’agissait d’un centre médical majeur du Royaume. A. Paré y étudia l’anatomie, s’entraina sur les cadavres, apprit à doser les médicaments, et assista les barbiers chirurgiens. Durant ces trois années (1533-1536), il travailla comme un damné, apprit énormément et gagna le respect de ses compagnons pour ses talents...

Hélas, il ne maîtrisait ni le grec, ni le latin : faute impardonnable pour les gardiens du temple ! On lui refusa sa maîtrise de barbier chirurgien sur une question théorique dans un art par essence empirique. Il avait vingt-six ans. Soit ! Il continuera à progresser pour mieux servir via une autre école : celle de la guerre…

La Main du Chirurgien

Pragmatique avant tout, A. Paré s’engagea, en 1536, comme barbier chirurgien -sans maîtrise- sous la bannière militaire française. Il avait compris que le terrain restait le meilleur moyen d’évoluer tout en aidant son prochain. L’Europe d’alors s’enflammait dans la longue guerre entre le royaume de France (sous le règne de François 1er) et le royaume d’Espagne (sous le règne de Charles Quint). Les deux plus grandes puissances de l’époque.

À travers ce conflit, Paré réalisa que la médecine traditionnellement enseignée ne pouvait résoudre les nouvelles blessures résultant de la révolution des armes de guerre. L’arquebuse, canon transportable sur l’épaule, dont le boulet fracassait, brisait et surtout brulait ses victimes… Les grands classiques (Hippocrate et Gallien) devinrent obsolètes face aux arquebuses…

Dès lors, il expliqua qu’il fallait arrêter de soigner ces nouvelles blessures avec de l’huile bouillante suivie d’un fer brulant sur la plaie. Il comprit qu’il devait -après extraction du boulet- désenflammer la plaie, afin d’éviter les septicémies, avec de nouveaux baumes et onguents apaisants. En 1542, il inventa de nouveaux ustensiles pour retirer les projectiles. Son génie créatif se fit remarquer sur les champs de bataille…

Toutefois, sa renommée augmenta singulièrement, en 1545, lorsqu’il publia son premier ouvrage en français : Les méthodes pour soigner les plaies par arquebuses. Il renouvela la médecine classique et devint subversif en refusant le latin, contrairement à l’usage… Un pied de nez à la faculté, loin d’être le dernier… La même année, François 1er décéda, son fils Henri II lui succéda et continua la guerre avec le royaume d’Espagne.

Ce fut lors de la campagne de 1552, qu’il conçut son chef d’œuvre chirurgical et son plus grand titre de gloire médical : La ligature des artères et des veines après amputation. Fini les cautérisations et les septicémies régulières ! Ambroise Paré s’imposa comme le « Père de la Chirurgie Moderne » !

Grâce à l’appui d’Henri II et des grands du royaumes, en 1554, Il devint l’un des chirurgiens royaux puis accéda à la distinction médicale de Chirurgien face à une faculté soumise aux desiderata du roi.

La Main du Courtisan

Paré s’avérait être un fin stratège, au sein de la cour, pour favoriser la chirurgie moderne. Néanmoins, Il fut impuissant, le 10 juillet 1559, lorsqu’Henri II s’empala la tête sur la lance de Gabriel de Montgoméry, lors d’une joute fêtant la paix avec le royaume d’Espagne. Le prince François II lui succéda et confirma Paré dans ses fonctions. Malheureusement, le jeune roi mourut à seize ans, en 1560, malgré tout le talent de son chirurgien.

Face à ces drames, Paré voulut comprendre les causes de la mort des deux rois. Il innova en pratiquant leur autopsie et devint le Père de la médecine légale. Cette nouvelle pratique impressionna la reine-mère Catherine de Médicis, régente du royaume. Dès 1561, elle le promut premier chirurgien du roi Charles IX (troisième fils d’Henri II).

Ambroise Paré vécut dans une époque troublée. La guerre entre les royaumes de France et d’Espagne occupa la première moitié du XVIe siècle s’achevant en 1559, laissant la place, dès 1560, aux guerres de Religion entre catholiques et protestants français. Dans ce nouveau contexte, la régente Catherine de Médicis proposa une cour royale itinérante de janvier 1564 à mai 1566. Le voyage à travers les villes de France, avait pour objectif de calmer les tensions en présentant le roi Charles IX. Paré, premier chirurgien royal, accompagna le cortège des hauts dignitaires. Au lieu de s’enorgueillir, Il mit à profit ce long périple pour rencontrer, échanger et apprendre auprès des barbiers chirurgiens, rebouteux et apothicaires.

La Main de L’Écrivain

L’atmosphère politico-religieuse devînt très lourde lors du massacre de la Saint-Barthélemy -le 24 août 1572- en plein Paris où vivait Paré. En 1574, le chaos augmenta avec le décès de Charles IX. Henri III (quatrième fils d’Henri II) lui succéda. Il confirma Paré dans sa charge de premier chirurgien du roi et lui attribua deux nouveaux postes prestigieux : valet de chambre et conseiller du roi.

Désormais sexagénaire, Paré ne quittera plus Paris. Il décida d’utiliser son argent et son influence pour rassembler les diverses connaissances médicales. Il écrivit de nouveaux traités, remit à jour les anciens afin de peaufiner ses ouvrages. La première édition de ses Œuvres fut publiée en 1575, en français, pour être abordable par tous. La faculté grinça des dents et essaya de lui nuire. Cependant, le soutien du roi Henri III le protégea de toutes leurs mesquineries. Il y eut maintes augmentations et rééditions de ses Œuvres : 2e édition en 1579, 3e édition en 1582, 4e édition en 1585, et la 5e à titre posthume en 1598. Ses Œuvres contenaient vingt-neuf volumes s’ajoutant à 1228 grandes pages illustrées. Ses travaux contiennent tout le savoir médical du XVIe siècle.

La Main de l’Inventeur

Tout au long de sa carrière, il privilégia le bien-être des patients d’où son avant-gardisme concernant les prothèses. Il y eut les créations à caractère esthétique. L’œil artificiel que l’on pouvait loger dans l’orbite. Le nez métallique attaché par des fils redonnait forme à un visage. Les oreilles en cuir bouilli rattachées au cartilage.

Il inventa des membres artificiels, véritables bijoux d’ingéniosité et de technique. Les prothèses du bras et de la jambe sont d’une telle complexité mécanique que nous risquerions de ne jamais finir notre chronique biographique…

Concluons sur la prothèse de la Main, objet des attentions horlogères. Le système de la main mécanique permettait aux doigts de s’ouvrir en pressant sur un bouton puis deux ressorts ramenaient les doigts comme si la main se refermait.

Les prothèses élaborées par Ambroise Paré restèrent des références du XVIe siècle à la Première Guerre mondiale (1914-1918). Il restera le père de la chirurgie moderne grâce à ce qu’il inventa et à ce qu’il fit.

Charles Journe

Paris, Septembre 2021

 

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